ORIGINE:
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Après la fermeture de la brèche, Nix commence à faire des cauchemars étranges. Mais ce ne sont pas les siens. Il voit des souvenirs, vécus par d'autres yeux. L'Académie détecte une résonance : une portion de la conscience de Vel'Zaruun est restée liée à lui. Ce fragment est inoffensif… mais porteur d'une histoire oubliée.
Dans une époque lointaine, quand le monde était encore jeune et marqué par les premières guerres de magie, Vel'Zaruun s'appelait autrefois Zaruun. Il n'était ni héros, ni seigneur, ni mage. Juste un garçon né sans dons élémentaires, dans un monde où la magie définissait la valeur d'un être. Rejeté, considéré comme inutile, il errait sans but.
Il trouva refuge dans une cité oubliée, Nahl-Kirath, parmi les ruines d'un savoir ancien. Là, il étudia en silence. Il découvrit des fragments d'un savoir oublié : la Pensée Primordiale, une force plus ancienne que les éléments eux-mêmes.
C'est là que son don unique se réveilla : Eidogenesis — la forge des idées.
Zaruun pouvait donner forme à ses pensées, ses émotions, ses souvenirs.
Il créa un oiseau né d'un rêve d'enfance, un abri fait de tendresse, un compagnon de solitude sculpté dans une larme.
Mais Eidogenesis était un miroir. Ses créations reflétaient son état intérieur.
Quand il était apaisé, il bâtissait des merveilles.
Quand il doutait, ses créations se déformaient, se contredisaient, s'effondraient.
Un jour, il tenta de recréer le souvenir de sa mère. Elle apparut, douce… mais sans visage. Le souvenir était incomplet. Elle souriait sans yeux. Zaruun s'effondra. L'illusion explosa en une pluie de cendres.
L'Académie le déclara hérétique.
Les archimages disaient que son pouvoir n'obéissait à aucune règle, qu'il perturbait l'équilibre. D'autres le traitaient de monstre, de démiurge incontrôlable.
Il s'isola alors, fondant un sanctuaire souterrain avec d'autres exclus. Il créa un monde pour eux, tissé de souvenirs heureux.
Mais sa peur, son doute, son mal de vivre altérèrent tout.
Les jardins fanèrent, les constructions se fissurèrent, les compagnons créés devinrent instables. L'un d'eux, une entité née de son sentiment d'abandon, tenta même de le dévorer. Son monde s'écroula.
Alors, dans un dernier acte de désespoir, il tenta un rituel interdit : fusionner son esprit avec la Pensée Primordiale, pour se recréer lui-même, vide de souffrance.
Mais le rituel échoua.
Il ne redevint pas.
Il cessa d'être.
Son nom fut effacé.
Son âme se disloqua.
Ses créations disparurent.
Et de ce vide naquit Vel'Zaruun, le Souffle du Néant.
Pas une entité étrangère.
Une conscience humaine qui avait cessé d'espérer.
Elle ne haïssait pas.
Elle voulait le silence.
Supprimer les masques. Supprimer les souvenirs. Supprimer la souffrance d'avoir créé en vain.
Nix, immergé dans cette mémoire, tomba à genoux.
Et s'il échouait comme lui ?
Et si, un jour, ses pouvoirs devenaient des reflets de ses propres doutes ?
Il comprit que Vel'Zaruun n'était pas né du mal…
…Il était né d'une âme qui voulait aimer le monde, et qui ne fut jamais aimée en retour.
HORS CHAPITRE :
LE POUVOIR DE ZARUUN:FONCTIONNEMENT
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Nom du pouvoir : Eidogenesis (litt. "Naissance d'une Idée")
Type : Magie conceptuelle / Création mentale pure
Nature : Instable, émotionnelle, extraordinairement rare
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Origine :
Eidogenesis ne puise pas son énergie dans un élément (comme l'eau, le feu ou l'ombre), mais dans la pensée elle-même. Il s'agit d'un don primitif, lié à la Pensée Primordiale — une force métaphysique qui existait avant les éléments eux-mêmes. Peu d'êtres ont pu y accéder sans se perdre dans la folie.
Zaruun fut l'un des rares à naître avec cette affinité.
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Fonctionnement :
Eidogenesis permet à son utilisateur de matérialiser des idées abstraites, souvenirs, émotions, rêves ou croyances sous une forme physique, visible et parfois autonome.
Chaque création est un reflet direct de l'état psychique de Zaruun au moment de la manifestation. Cela en fait un pouvoir incroyablement puissant… mais aussi dangereusement instable.
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Applications :
1. Création émotionnelle :
Une sensation de solitude peut créer une créature douce, silencieuse, faite pour tenir compagnie.
Une colère peut engendrer une arme vivante, ou un golem de feu instinctif.
Une compassion peut créer un arbre guérisseur, ou un dôme de chaleur protectrice.
2. Matérialisation de concepts :
Un souvenir heureux peut devenir une maison, une ville, une musique.
La notion d'« espoir » pourrait se manifester en un être de lumière aux effets inspirants.
La peur de l'abandon pourrait donner naissance à une entité parasite et obsédante.
3. Fusion des idées :
Zaruun pouvait combiner plusieurs pensées pour créer des êtres complexes : une créature née d'un rêve d'enfant et du désir de vengeance, par exemple — belle, mais terrifiante.
4. Altération de la réalité locale :
En concentrant suffisamment d'énergie, Zaruun pouvait modifier temporairement les lois physiques d'un lieu pour qu'elles correspondent à ses pensées dominantes : un espace sans gravité, une forêt de souvenirs, un temps ralenti par la nostalgie.
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Limites et instabilité :
Dépendance émotionnelle : Plus Zaruun est troublé ou blessé intérieurement, plus ses créations deviennent déformées, incontrôlables, voire dangereuses.
Coût mental : Chaque matérialisation use sa propre mémoire et sa clarté d'esprit. Créer trop de choses l'épuise psychiquement.
Fragilité des créations : Si Zaruun doute de son œuvre, elle se fissure. Si son émotion change, elle se modifie. Les créations ne sont jamais éternelles, sauf si elles sont ancrées dans une conviction profonde.
Résonance : Certaines créations peuvent survivre à leur créateur si elles sont nées d'un traumatisme intense. Ces entités errent alors dans le monde, incomprises, semi-conscientes.
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Exemple visuel :
Il pense à l'innocence de son enfance : un oiseau translucide apparaît, chantant une mélodie oubliée.
Il pense à sa solitude : une tour s'élève autour de lui, froide, sans porte.
Il pense à la paix : un champ de fleurs se déploie… mais flétrit dès que son doute revient.
Il tente de recréer sa mère à partir d'un souvenir… mais elle n'a pas de visage. Il oublie son rire. La création s'effondre.