Chapitre 17 — Le sable des vérités
Ce matin-là, Camille s’était levée bien avant l’aube. La lumière douce de la chambre éclairait à peine son reflet dans le miroir. Elle choisit avec soin une tenue élégante, mettant en valeur ses longues jambes et ses courbes naturelles. Une robe crème, fluide, accompagnée de talons fins, relevait sa silhouette. Ses boucles brunes retombaient avec grâce sur ses épaules nues, et son sourire était celui d’une femme prête à briller.
Elle descendit l’escalier d’un pas léger, et même Adrien, surpris par tant d’éclat si tôt, lui lança un regard prolongé. Elle ne dit rien, mais lui offrit un sourire poli avant de quitter la maison.
Au bureau, Camille fit sensation. Les regards se tournaient sur son passage, mais elle n’en avait que faire. Elle n’avait qu’une seule personne à voir ce matin-là : Maya.
Elle s’approcha de son bureau avec un sourire étincelant.
— Tu n’as pas oublié… hein ? demanda-t-elle doucement.
Maya releva les yeux, légèrement confuse.
— Oublié quoi ?
— La sortie à la plage, répondit Camille avec douceur. Celle que j’avais proposée la dernière fois. On devait se faire ça tous les quatre, toi et Loris, Adrien et moi. Tu te souviens ?
Maya resta un instant interdite avant de balbutier :
— Ah… oui, bien sûr… Je n’y pensais plus…
— Heureusement que je m’en suis rappelée, répondit Camille, toujours avec ce sourire léger. Ce week-end serait parfait, tu ne trouves pas ? Samedi, vu qu’on ne travaille pas.
Maya sentit son cœur se serrer.
— Oui… euh, je vais en parler à Loris pour vérifier, mais ça devrait aller.
— Super, conclut Camille avec satisfaction. J’ai vraiment hâte.
**
Le samedi arriva bien plus vite que Maya ne l’aurait voulu. Camille et Adrien furent les premiers à rejoindre la plage. Camille était radieuse, habillée d’un paréo léger qui laissait deviner son bikini blanc perle. Quand elle le retira, elle dévoila une silhouette sublime : sa peau dorée brillait sous le soleil, ses courbes parfaitement dessinées attiraient immédiatement les regards.
Adrien, lui, ne pouvait visiblement pas la quitter des yeux. Il semblait absorbé par chaque détail : ses cheveux brillants, ses longues jambes fouettées par le vent, le sourire lumineux qu’elle n’affichait que lorsqu’elle se sentait libre… et belle.
Maya arriva peu après, accompagnée de Loris. En apercevant Camille, elle sentit un pincement douloureux l’envahir. Son propre maillot, pourtant choisi avec soin, lui paraissait soudain bien terne face à l’assurance éclatante de Camille.
Camille riait en éclaboussant Adrien, s’accrochait à lui tandis qu’il l’enlaçait tendrement pour la faire entrer dans l’eau. Les touches d’attention s’enchaînaient : crème solaire, gestes doux, regards tendres. Adrien était aux petits soins. Trop naturellement pour que Maya puisse ignorer la complicité retrouvée entre eux.
Loris, quant à lui, déposa les affaires près des serviettes et lança un regard préoccupé à Maya.
— Tu es sûre que ça va ? murmura-t-il en s’asseyant à côté d’elle.
Maya hocha la tête sans conviction, les yeux figés sur Camille et Adrien, complices dans les vagues miroitantes. La scène lui serrait la poitrine.
— Regarde-les… souffla Maya. On dirait qu’ils n’ont jamais été aussi heureux.
Loris posa une main réconfortante sur son bras.
— Ça ne sert à rien de te faire du mal comme ça… Profite au moins de la journée, pour toi.
Mais comment le pourrait-elle ? Chaque éclat de rire, chaque geste tendre d’Adrien envers Camille lui rappelait la place qu’elle n’aurait jamais.
Plus tard, sur la serviette, Camille se lova dans les bras d’Adrien, échangeant des regards complices sous le regard silencieux de Maya. Elle se sentait invisible. Remplacée.
Le soleil descendait lentement, dorant les grains de sable et allongeant les ombres. Camille, toujours éclatante dans son maillot perlé, riait en se secouant les cheveux humides. Adrien, assis près d’elle, la regardait avec un mélange d’admiration et d’orgueil. Il l’avait redécouverte. Et ce jour-là, il ne voulait rien d’autre qu’elle.
Maya, en retrait, observait. Elle sentait le poids de chaque seconde. Loris lui parlait, mais ses mots flottaient dans l’air, étouffés par les pensées qui s’entrechoquaient dans sa tête.
Elle se rappelait le goût des baisers d’Adrien. L’intensité de ses caresses dans l’ombre. Elle se rappelait les promesses silencieuses, les regards brûlants… tout ce qui semblait n’avoir jamais existé dans la lumière du jour.
Car aujourd’hui, Adrien appartenait à Camille.
Et Camille… ne se contentait pas de le garder. Elle l’exhibait, le savourait, le chérissait sous ses yeux.
— Tu veux aller marcher un peu ? demanda Loris, voyant sa peine.
Elle acquiesça, à peine.
Ils s’éloignèrent lentement, laissant Adrien et Camille seuls sur la plage. Camille s’allongea sur la serviette, tête posée sur la cuisse de son mari. Il lui caressa tendrement les cheveux.
— Tu sais que tu es la plus belle femme de cette plage ? souffla-t-il.
Camille ouvrit les yeux, malicieuse.
— Juste de la plage ? Pas du monde ?
— Tu sais que je déteste l’exagération, répliqua-t-il en souriant, avant de déposer un baiser sur son front.
Maya, de loin, vit tout. Chaque geste, chaque murmure. Elle sentit la colère, puis le désespoir monter en elle. Et dans ses yeux, ce fut Loris qui remarqua les larmes silencieuses. Il s’approcha un peu plus, passa un bras autour d’elle.
— Je suis là, tu sais.
Mais elle ne répondit pas. Elle ne voulait pas de Loris. Elle voulait Adrien. Et cette réalité-là était cruelle.
**
Plus tard, alors que la lumière déclinait, les quatre reprirent le chemin du retour. Camille, toujours aussi splendide malgré le sel sur sa peau, riait doucement aux blagues d’Adrien. Maya, quant à elle, s’était enfermée dans un mutisme. Loris la couvait de regards inquiets.
Dans la voiture, Camille et Adrien se tenaient la main. À un moment, elle déposa un baiser sur sa paume, puis laissa ses doigts glisser jusqu’à son genou. Un geste tendre, simple, mais insupportable pour Maya.
Elle détourna les yeux, fixant le paysage par la fenêtre, les dents serrées.
Elle avait perdu.
Et elle le sentait profondément, irrémédiablement.
À suivre...