Nuit. Quartier en ruines.
La pluie tombe comme des lames sur les toits effondrés. L'air est lourd, chargé de cendre et de peur. Des cris lointains. Une sirène. Des coups de feu.
Ash court. Elle bondit par-dessus des débris, le souffle court. Dans sa main, une photo froissée : elle et son petit frère, souriants, bien avant que tout ne bascule.
Elle s'arrête net devant une bouche de métro entrouverte. Le panneau est cassé : "Interdit – Zone Condamnée."
Elle hésite. Puis descend.
Le silence la frappe d'un coup. Froid. Tranchant. Le tunnel est plongé dans une semi-obscurité, juste éclairé par des lampes de secours qui clignotent, comme un cœur malade.
Elle s'enfonce, les yeux aux aguets.
Un bruit.
Elle arme sa lame. Ou ce petit pistolet qu'elle a volé, au cas où. Son cœur tambourine contre ses côtes.
Un vieux train bloqué en plein tunnel. Graffitis. Sang séché. Vitres éclatées.
Elle grimpe à l'intérieur. Elle veut dormir. Juste une nuit. Fermer les yeux. Oublier.
Mais dans le dernier wagon… quelque chose cloche.
Une silhouette allongée au sol, à moitié couverte par un manteau déchiré. Ash lève son arme.
> — Un seul mouvement et je t'explose le crâne…
Rien. Pas un son. Elle s'approche lentement… et la voit. Une femme. Jeune. Belle. Peau pâle, lèvre en sang. Et un uniforme militaire. L'insigne, Ash le reconnaît. Elle le déteste.
Lyra.
Elle respire. Juste inconsciente. Ou alors elle feint.
Ash pointe toujours son arme. Sa main tremble.
> — Putain…
Elle la fixe. Le doigt sur la détente. Et là, les flashs remontent :
Sa sœur, morte.
Sa maison, réduite en poussière.
Des soldats comme elle, ricanant.
Elle tourne les talons. Part.
Mais…
Dans le couloir du métro, Ash s'arrête. Inspire. Expire. Tremble.
Elle revient dans le wagon.
S'agenouille. D'un geste sec, déchire un morceau de tissu. Un garrot, posé à la jambe.
> — Crève pas, salope. Pas tout de suite.
Elle s'assoit à l'autre bout du wagon. Son arme toujours à la main. Les yeux grands ouverts.
La guerre a commencé.
Et elle tombe sur l'ennemi... qu'elle ne peut pas tuer